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Conséquences économiques d’une Guerre

10 mai 2022 
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Les commentaires ci-dessous sont essentiellement tirés de l'analyse faite par Jean-Pierre Petit, économiste. Nous reproduisons ici les éléments qui nous paraissent les plus remarquables

 La guerre est, hélas, partie intégrante de l’histoire des hommes, « la continuation de la politique par d’autres moyens », selon la célèbre expression de Claus von Clausewitz.

Le monde des dividendes de la paix issu de la réunification allemande et de la disparition de l’URSS (1989/91) est désormais derrière nous.

Réfléchissons rapidement aux conséquences économiques d'une guerre.

Pertes éventuelles de capital humain à l’extérieur, restriction autoritaire des échanges (embargos, sanctions,), mobilisation des capacités productives vers l’effort de guerre au détriment de la spécialisation du pays, incertitudes généralisées, hausse de l’inflation (pénuries), hausse de l’endettement public (effort de guerre), incertitude du côté des ménages et des entreprises….

De plus le risque majeur pour le futur serait évidemment une fragmentation profonde du monde si la Chine suivie par un certain nombre de pays africains et du Moyen Orient rejoignaient la Russie dans une coalition structurée au détriment des relations avec l’Occident. Nous n’en sommes pas encore là. Néanmoins, le refus des pays du Golfe (Arabie Saoudite et EAU) d’augmenter leur production de pétrole en réponse aux demandes américaines, tout comme le nombre limité des pays ayant adopté des sanctions économiques contre la Russie (42 en tout mais aucun des grands pays émergents comme la Chine mais aussi l’Inde, l’Indonésie, le Brésil, le Mexique, la Turquie) témoignent d’une perte de leadership du monde occidental.

Mais ne peut-on pas percevoir des opportunités futures issues de ce conflit, en particulier pour l’Europe ?

En termes de gouvernance, une plus forte unité européenne (notamment dans la coordination de la stratégie énergétique), la fin du mercantilisme/égocentrisme allemand. Soulignons aussi la cohésion politique renforcée de l’UE et la revigoration de l’OTAN qui sont de nature à sécuriser les projets de long terme en Europe et au-delà. On peut également mentionner un espoir de moindres sanctions américaines/occidentales à l’encontre de la Chine ou encore le retour de l’Iran sur la scène internationale.

Comme nous l’avons mentionné la semaine dernière, l’afflux de réfugiés peut aussi sous certaines conditions renforcer la croissance potentielle à moyen terme dans les pays d’Europe occidentale. De son côté, la réduction de la dépendance énergétique et alimentaire vis-à-vis de la Russie peut constituer un coup d’accélérateur pour le nucléaire, la hausse de la diversification des sources d’énergie et les énergies renouvelables. Cela permettrait de réduire considérablement le risque de choc sur les prix des matières énergétiques.

Ajoutons à cela les gains de productivité potentiels et une politique économique plus expansive. Enfin, la réallocation des ressources financières vers les besoins européens (en réduisant l’excédent courant excessif de la Zone euro imposé stupidement par l’Allemagne) constitue une bonne chose.

Il est évidemment bien trop tôt pour se prononcer précisément sur ces perspectives. Mais disons que de même que la pandémie avait « ouvert les yeux » des élites politiques européennes sur la vulnérabilité industrielle et sanitaire du continent, la guerre d’Ukraine amène plus de lucidité sur la dépendance énergétique et militaire européenne.

L’histoire n’est écrite nulle part, mais nous préférons conserver une attitude prudente en matière d’allocation d’actifs (fonds structuré par exemple de préférence au fonds obligataire)

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