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Finance et Fiction #3

12 novembre 2021 
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Wall Street est un film sorti en 1987 mettant en scène le parcours initiatique d’un jeune courtier en bourse, Bud Fox, joué par Charlie Sheen qui va apprendre à côtoyer le monde de la haute finance incarné par l’impitoyable Gordon Gecko (Michael Douglas), archétype de l’investisseur sans scrupule uniquement motivé par le profit et déconnecté des valeurs morales traditionnelles.

Au-delà des performances d’acteurs incroyables (un des plus grands rôles de Michael Douglas, Oscar du meilleur acteur 1988), le film se veut :

- pédagogique ; à travers les yeux d’un (initialement) naïf Bud Fox, le spectateur non-initié découvre les mécanismes financiers sous-tendant la prise de contrôle de sociétés côtées en bourse, qu’ils soient légaux comme les OPA hostiles, ou illégaux comme l’espionnage industriel.

-  dénonciateur également de la déconnexion entre les financiers de Wall Street et les valeurs de travail du monde de l’entreprise réel, incarnées par Charlie Sheen en mécano syndiqué de compagnie aérienne.

- témoignant surtout de l’emprise de l’argent décomplexé dans cette Amérique triomphante des années Reagan : l’argent comme fin en soi, l’argent comme seul repère qui permet et qui excuse tout. Comme le dit Gordon Gecko dans un célèbre discours lors d’une AG des actionnaires « Greed is good » soit « L’avidité c’est bon ».

Wall Street - L'argent ne dort jamais (2010)
Wall Street (1987)

Néanmoins, le cynisme de l’œuvre n’est pas total puisque la morale sera sauve à la fin du film avec la mise à jour des manœuvres frauduleuses de Gecko et la mise en route d’une procédure judiciaire.

La crise des subprimes est une trop belle occasion pour Oliver Stone pour ne pas ressortir Gordon Gecko de la prison dans laquelle il croupissait pour une nouvelle dénonciation du système.

Esthétiquement parfaite (les vues de New York sont parmi les plus belles jamais filmées) cette suite sera finalement beaucoup moins remarquable que l’original : la crise des subprimes est assez complexe à expliquer et n’est pas incarnée par un seul personnage, ce qui la rend plus abstraite pour le spectateur, par ailleurs plus habitué aux films sur la finance et ses dérives depuis justement le film Wall Street de 1987.

« L’Argent ne dort jamais » permet de retrouver quand même avec plaisir un Gecko et son amoralité jubilatoire, opposé à un jeune financier idéaliste (incarné par un Shia LaBoeuf un peu palot face un Michael Douglas encore au top) et à un banquier d’affaires véreux (Josh Brolin).

Moins cynique, un peu plus confus dans l’explication des mécanismes financiers, plus convenu dans son développement et son dénouement « L’argent ne dort jamais » reste un film agréable à regarder, mais n’aura, et de loin, pas l’impact de son glorieux prédécesseur.

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