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Les experts et les prévisionnistes sont des arnaqueurs

18 mai 2020 
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Prenez une volaille que l’on nourrit tous les jours. Chaque apport de nourriture va la renforcer dans sa croyance que la règle générale de la vie est d’être nourrie quotidiennement par de sympathiques membres de la race humaine, soucieuse de ses intérêts comme le disent si bien les hommes politiques.

Pourtant, le jour précédant Noël, quelque chose d’inattendu va arriver à cette volaille qui va l’amener définitivement à réviser ses croyances.

Comment pouvons-nous comprendre les propriétés de l’inconnu (infini), sur la base du connu (fini) ?  

Que pourrait apprendre un poulet sur ce que lui réserve le lendemain, en se basant sur les évènements de la veille ? Beaucoup de choses peut-être, mais sans doute un peu moins qu’il ne le croit, et ce « un peu moins » va faire toute la différence.

Le fait de prendre une observation naïve du passé pour quelque chose de définitif ou de représentatif du futur est la seule et unique raison de notre incapacité à comprendre les cygnes noirs (cataclysme, guerre, krach boursier, etc…).

Que ceux qui croient aux bienfaits inconditionnels du passé méditent sur ce bijou de sagesse attribué à un célèbre capitaine de vaisseau :

« Mais de toute ma carrière, je n’ai connu d’accident d’aucune sorte qui vaille la peine d’être mentionné. Pendant toutes ces années passées en mer, je n’ai jamais vu de bateaux échoués et je n’ai jamais échoué moi-même ni été dans une situation difficile qui menaçait de tourner au désastre. »

(E.J Smith, capitaine du Titanic)

Les prévisions sont tout bonnement impossibles. Les technologies ayant eu un impact considérable sur notre monde, tel qu’internet ou le laser, n’avaient été ni planifiées, ni prévues. Nous sommes doués pour écrire rétrospectivement l’histoire, la réinventer en nous convainquant que nous comprenons le passé. Nous sommes les dupes de ceux qui nous aident à naviguer dans l’incertitude. Qu’il s’agisse de voyants, d’universitaires, ou d’économistes recourant à des mathématiques bidons.

Premier constat

On peut distinguer deux types d’experts : le type bénin, celui d’une arrogance allant de pair avec une certaine compétence, et le cas malin, celui d’une arrogance mêlée d’incompétence (le costume vide).

Lesquels sont lesquels ?

  • Les experts qui le sont généralement : astronomes, pilotes d’essai, physiciens, comptables, actuaires en assurances.
  • Les experts qui ne le sont généralement pas : courtiers en bourse, économistes, prévisionnistes financiers. En d’autres termes, les professions qui s’occupent de l’avenir et fondent leurs études sur la répétition du passé.

Une cliente m’a récemment appelé, très inquiète suite à un dîner avec des amis parisiens.  Ces derniers ayant un patrimoine bien supérieur au sien (pour ma cliente, le fait d’être à Paris et disposer d’un patrimoine supérieur au sien semble être un critère déterminant sur les prévisions économiques) lui prédisent un krach boursier imminent.

Bruno Crastes, gérant de H2O, que nos clients connaissent bien, a pour sa part, évalué il y a quelques semaines une baisse de l’indice phare de la bourse US (le SP 500) de -30 à -40% en 2019.

On ignore bien souvent que ce même indice a progressé en 2017 et 2018 de 40%, ce qui ne serait dans le contexte actuel, qu’une simple correction.

Dans tous les cas, nous ne pouvons pas vraiment planifier, parce que nous ne comprenons pas l’avenir. Ce qui en soi n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle.

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