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#19

Plus c’est gros, plus ça passe ou comment les professionnels de la finance se font aussi avoir.

7/09

JC : Bonjour Amandine, comment vont tes valises ?

A : Bien merci, elles sont revenues, comme moi.

JC : Alors aujourd’hui un aborde un sujet léger pour une reprise en douceur. On avait parlé du rachat de la Tour Eiffel par André Poisson, escroqué au début de ce siècle et on va voir qu’absolument rien à changer aujourd’hui.

A : Oui je vais te parler de l’incroyable histoire de Nikola avec un K qui nous a bien faire rire. Nous reprenons pour cette histoire, un podcast de France Culture du journaliste Guillaume Erner. Cette histoire commence en 2018 par une vidéo d’un camion très futuriste où l’on voit ce camion avancer. Il est censé concurrencer Tesla si ce n’est qu’il roule à l’hydrogène. Enfin, c’est un bien grand mot car après une enquête d’un cabinet d’audit quelques années après, c’est en fait une tout autre technologie que celle de la pile à combustible et de l’hydrogène, c’est l’attraction de la caisse à savon, plus la pente est pentue, plus ça roule ! En clair, le camion avait été tracté en haut d’une colline pour ensuite dévaler la pente en roue libre.

JC : Non punaise, tu es sérieuse, ça s’est arrêté là quand même ?

A : Non figure toi, le fondateur de la marque Nikola, Trevor Milton et ce n’était pas un hasard, avait pris cette référence du génial inventeur du courant alternatif, Nikola Tesla.

JC : Et oui, Elon Musk avait pris le nom, Trevor Milton a pris le prénom.

: D’autant que Trevor Milton étant un fan inconditionnel d’Elon Musk avait en plus décidé d’assumer la part de dinguerie d’Elon Musk. C’est indéniablement un original qui après avoir échoué dans plusieurs domaines qui a fondé en 2015 NIKOLA Motor Company et arrive, après une fusion, à entrer en bourse en 2020.

JC : Et là, jackpot je suppose ?

A : Plus qu’on ne l’aurait imaginé puisque NIKOLA devient en capitalisation celle de Ford qui réalise 144 milliards de dollars de Chiffre d’affaires. Mais patatras, quand Nikola doit signer un partenariat décisif avec General Motors, un cabinet d’audit épingle Nikola car ses camions… ne roulent pas, et les camions présentés en salle de conférence étaient en fait reliés à un câble électrique. Les journalistes s’amusaient à tester les écrans dans la cabine du camion mais cela passait en réalité par un câble sous le plancher permettant d’alimenter le camion.

JC : Bref, ce qui prouve qu’il n’y a pas que le moteur à explosion dans la vie. La machine à buzz produit encore plus d’énergie ou plus exactement elle peut faire énormément de bruit en bourse, surtout quand la bulle éclate. Allez, une autre, une autre !

A : bon ok, changement de décors. Cette fois je te parle de Theranos et surtout d’Elizabeth Holmes, la femme aux cols roulés star de la presse financière et people des Etats Unis et dont le procès est attendu cette année où elle risque 110 ans de prison.

JC : Ça, ça me parle

A : Alors tout commence à Stanford en 2003 où Elizabeth avait passé l’été à tester des échantillons sanguins et des écouvillons nasaux. Souviens-toi, c’était l’année où l’Asie avait été touché par un Coronavirus, le SRAS. Et cette expérience l’a persuadé que quelque chose de mieux pouvait exister. Son idée était de pouvoir récupérer une grande quantité de donnée à partir d’une goutte de sang prélevé sur le bout du doigt. Déjà à l’époque, ses professeurs lui avaient fait part de leur scepticisme mais la jeune femme est convaincue que son idée est réalisable et n’écoutera personne lui disant l’inverse. Elle quitte Stanford sans son diplôme et créé Theranos sur cette idée. Elle réussit à lever beaucoup d’argent, environ 800 millions d’€ car comme dans le premier cas, le moteur pour beaucoup d’investisseurs c’est la peur de passer à côté d’un Tesla ou d’un Google.

Cela aide à séduire la presse qui se prête au jeu des interview et exclusivité pour quelques pages vues. S’en suis la spirale du mensonge car les mensonges originels appellent toujours forcément à d’autres mensonges. De sa voix au résultat de ses machines en passant par les projections financières, les contrats militaires, sa vie personnelle, rien n’est vérifié ni contredit. Quand ça l’est, elle fait l’autruche et continue à s’enfoncer dans sa duperie et c’est ainsi que tout le monde continue à mettre de l’argent au panier. Et plus la liste des acteurs s’allonge et plus la liste des investisseurs se disent qu’il n’y a aucun risque car tout à déjà été vérifié par quelqu’un avant eux.

JC : Logique

A : S’ajoute à ça la culture du secret où le personnel est fliqué en permanence et a interdiction de parler sans quoi Theranos menace de porter plainte. Ceci leur servira car leur technologie révolutionnaire est incapable de donner des résultats corrects. En 2015, la machine s’emballe. Une constellation d’articles paru dans le Wall Street journal sème le doute sur l’efficacité réelle de ces procédures. Holmes tente de passer par le propriétaire du journal pour empêcher la publication mais les dégâts sont trop graves. Quelques mois après, c’est au tour du ministère de la Santé La SEC menace à son tour l’enquête et siffle la fin de la récréation en 2018 en accusant Theranos d’avoir levé plus de 800 millions de dollars en exagérant, inventant la technologie, les activités et les performances financières de l’entreprise.

JC : alors, dénouement de l’histoire ?

A : Procès pour Elizabeth Holmes cette année. Mais comme l’affaire a tout du scénario hollywoodien, les grands pontes des studios ont déjà acheté le script. Le titre ? Bad Blood. On pouvait difficilement trouver mieux.

JC : Effectivement. En réalité, il est extrêmement difficile de ne pas se faire prendre dans une escroquerie de cette ampleur. A partir du moment où tu as un milliardaire connu et reconnu dans le monde des affaires, des laboratoires de taille internationale, tous les investisseurs pensent finalement que tout a été en amont contrôlé et vérifié. Et de fait, comme tout le monde pense la même chose et que rien n’a été fait, tout le monde se fait avoir. D’autre part, le moteur reste toujours et encore la peur de rater l’affaire du siècle, du moins dans la silicone Valley où les Google, Apple et consorts ont considérablement enrichi les premiers investisseurs. On profite de podcast pour vous annoncer un changement de format avec un temps d’écoute un peu plus long et ponctuellement des invités

A : super. Merci JC. A bientôt

JC : A bientôt

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