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#7

La novlangue dans la finance : quand la communication tourne à vide

4/09

Écoute on est vendredi, et pour bien finir la semaine, je te propose un jeu. Je te dis une phrase, dis-moi si tu la comprends. 

« processus de management holistique (il fallait le placer celui-là) qui identifie les menaces potentielles pour une organisation, ainsi que les impacts que ces menaces, si elles se concrétisent, peuvent avoir sur les opérations liées à l’activité de l’organisation, et qui fournit un cadre pour construire la résilience de l’organisation, avec une capacité de réponse efficace préservant les intérêts de ses principales parties prenantes, sa réputation, sa marque et ses activités productrices de valeurs »

Ça te parle ça ? 

Euh… là tu es dur. Je n’ai rien compris, je me disais que c’était bientôt le week-end et j’ai déjà mal à la tête.

Surprenant ça ! 

Je t’en donne une autre, plus courte : « penser la praxis médiée de l’action collective et son incorporation phénoménologique », t’en dis quoi ? 

Qu’est-ce que tu veux que je te dise, je ne te comprends pas 

C’est fait exprès. Dans les deux cas, on peut résumer ça d’une autre manière : « si vous avez compris ce que je viens de dire, c’est que je me suis mal exprimé » 

Traduction :  La première phrase est une procédure de simplification qu’on nous demande de rédiger pour la continuité de l’activité si toi ou moi avons un pépin qui nous empêche d’exercer... La deuxième phrase, il faut que j’invite Emmanuelle Béart et Raphaël Gluxman, il n’y a qu’eux qui puissent comprendre. À moins que le journaliste du point qui s’en était fait l’écho y soit arrivé. 

Bon, si on revient au sujet, tu veux me parler de la novlangue mais c’est quoi ? 

C’est un concept inventé dans le roman Oceania de 1984 de Georges Orwell. Le principe est que plus tu diminues le nombre de mots d’une langue, plus tu rends les gens stupides, dépendants et aisément manipulables par les médias de masse. 

C’est devenu ensuite un mot définissant un langage ou un concept creux vide de sens et déformant la réalité. Cette novlangue on la retrouve partout et aussi bien entendu dans la finance ou la réglementation qui la régule. 

Ok, je vois où tu veux en venir. Tu penses que c’est fait exprès ? Parce que finalement ça n’aide pas du tout à la bonne compréhension de nos concitoyens vers l’économie et la finance

Oui tout à fait et les causes sont multiples. Déjà, les fameux experts ou prévisionnistes financiers parfaitement incompétents vont utiliser des concepts fumeux qui vont assoir leur soi-disant légitimité. Même si l’économie est un sujet complexe, le rendre compréhensible ne va pas forcément dans l’intérêt des vendeurs ou des faux experts. Et la caisse de résonance donnée par les médias à certains d’entre eux ne fait qu’aggraver le problème. 

Oui mais nous professionnels pouvons se laisser polluer par certains prestataires qui ont tout intérêt eux aussi à rendre la réglementation, avec cette novlangue, complétement hermétique. 

Oui et je vais même plus loin que toi Amandine. On fabrique des métiers qui fabrique des besoins dont on pourrait aisément se passer. Et Dieu sait qu’en France on est très forte dans cet exercice. 

Alors explique-moi tout ces faux intérêts à cette novlangue !

Premièrement : On ne fait pas appel, comme expliqué plus haut, à l’intelligence. Ne nous étonnons pas ensuite d’avoir un désintérêt constant pour l’économie de nos compatriotes.

Deuxièmement : Cette novlangue arrange certains professionnels qui abusent de concept fumeux pour asseoir leur crédibilité. En fait, si on est incapable de rendre compréhensible un environnement complexe, c’est qu’on ne l’a pas soi-même compris. Un conseiller doit se rendre compréhensible, c’est dans l’intérêt de tous.

Et pour finir, on parlait dans le précédent podcast d’une mauvaise représentation de notre activité. Elle est directement corrélée à cette sur-réglementation et l’empilement de strates qui finissent par rendre incompréhensible ce qui au départ relève d’une bonne intention. Alors tu vois, réguler la finance, c’est bien mais si cela doit se terminer par l’envoi de 48 pages pour justifier de la souscription d’un contrat d’assurance vie (un exemple parmi d’autres), cela va à l’inverse du but recherché. Nous avons tous un smartphone ou presque et honnêtement qui lit les mises à jour régulières des conditions générales de Google ?

J’ai bien compris Jean-Christophe… sans langue de bois. Donc la novlangue, tu la repères et tu la combats.

Tu as tout compris. Alors Amandine, prochain podcast dans 15 jours ?

Je vais te parler de la défiscalisation immobilière et écrans de fumée.

Oulala ... À dans 15 jours !

Prochain podcast : L’écran de fumée de la défiscalisation immobilière, Rothschild avait raison (Girardin,  Pinel)

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