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#17

Pourquoi les fintechs vont disparaître ?

20/05

Bonjour JC, alors il paraît que tu as envie de taper sur l’avenir de la finance aujourd’hui ?

Bonjour Amandine, oui tout à fait. J’ai envie de me faire plaisir. Mais tout d’abord, petite devinette.

Est-ce que tu sais ce qu’est un business model scalable ?

Non, ça n’est pas un terme très usité, je ne vois pas… éclaire moi

C’est normal, t’étais trop jeune dans les années 2000.

Le vieux boomer qui revient au galop

Oui ben écoute, la représentation de la génération Y, écoute moi bien…

Je suis tout ouïe.

A l’époque, tu avais des jeunes entrepreneurs voulant révolutionner un secteur d’activité parfois avec succès mais pour beaucoup d’entre eux, ça s’est terminé en énorme perte pour tous les investisseurs et /ou institutions qui les ont suivies, d’où d’ailleurs un krak historique. Ce terme scalable désignait un business model donnant au start up toutes les possibilités pour faire face à une croissance rapide. C’est une stratégie qui doit avoir une visée de long terme car elle nécessite énormément de moyens que ces starts up n’ont pas.

Et à partir de là, qu’essaies-tu de nous dire JC ?

Dis donc, je sais bien qu’on est lundi mais je vais te prouver que j’ai les idées claires ! L’assurance vie est un pactole de 1800 milliards qui a toujours attiré de nombreux acteurs du monde de la finance. Depuis 5 ans, on assiste à une montée en puissance de ce qu’on appelle dans notre jargon les fintech, contraction de finance et technologie. Le but ici est de remplacer ni plus ni moins d’autres modèles économiques qui nécessitent à la base un conseil humain.

Oui mais les fintechs c’est moins cher et les outils digitaux sont autrement plus sexy et plus rapides !

Pour la partie expérience utilisateur, tu as complétement raison et il est navrant de constater que beaucoup d’acteurs historiques et je pense ici aux assureurs aient pris un tel retard en terme d’expérience digitale.

Je t’arrête. Des assureurs ont acheté des fintechs !

C’est vrai mais ce n’est pas pour autant qu’ils ont mis à jour leur informatique maison. Toujours est-il que l’argument développé par ces nouveaux acteurs est tout d’abord une absence de cout ou du moins, une très forte diminution en expliquant benoitement que les courtiers, banques, CGP prennent trop cher. Ce que nos chers ingénieurs oublient de préciser c’est qu’en fait, ils peuvent diminuer leurs coûts uniquement grâce aux levées de fonds quand ce n’est pas une participation directe d’un assureur ou d’une banque. Ils ont tous en tête que 80% des entreprises du secteur financier se sentant exposées souhaite renforcer leur partenariat avec celles-ci dans les 5 prochaines années.

Donne-moi des noms, des exemples JC !

Amundi s’est offert la plateforme WE SAVE, YOMONI s’est allié avec LINXEO, filiale de SPIRICA, NALO et mon petit placement reste pour l’instant indépendant mais reste financé par des levées de fonds car en tout état de cause, ces entreprises brûlent énormément de cash avant d’arriver à un seuil de rentabilité pérenne. Selon une étude d'Exton de 2018, les Fintech vivotent. Près de 60% d’entre elles, créées il y a plus de 5 ans, n’atteignent pas encore le million d’euros de revenus, ce qui reste très faible au regard du nombre de structures et des montants injectés. Selon un article de France Transactions, Mon petit placement gérait seulement 5 millions d’euros pour 1500 clients. Soit un encours moyen de 3300€. Autant dire qu’avec des frais de structures inhérents à l’activité (personnel, bureau, outils informatiques, publicité, mise en réglementation), l’entreprise ne serait pas valable 3 mois sans ces apports de cash.

Oui mais ce que tu oublies de dire c’est que ces fintechs exploitent des activités nouvelles de rupture et que donc le retour sur investissement est intrinsèquement volatil et risqué. Il est illusoire de vouloir mesurer la valeur à la rentabilité.

Tu as raison mais l’argumentation développée par ces acteurs sur un coût du conseil censé être trop élevé sans parler d’une soi-disant performance supérieure en gestion passive me paraît fautive. Le conseil a un coût, quelque soit les méthodes de financement. Il va sans dire que si d’aventure, mon petit placement sera racheté par un acteur bancaire ou un assureur, on retrouvera le même problème. Par ailleurs, nous avions développé le phénomène de la gestion passive des ETF lors d’un précédent podcast. Au risque d’en décevoir certains, ils n’ont pas démontré nécessairement une supériorité en terme de rentabilité depuis 15 ans. En synthèse, on peut imaginer que la majorité de ces fintechs vont être rachetées par des acteurs traditionnels. Et de là, un autre problème se posera : si l’entrepreneur, porteur de l’innovation disparaît, les banques et assureurs acheteurs devront inscrire ce processus individuel à l’échelle de l’entreprise.

Je vois et l’association est plutôt contradictoire entre une entreprise trop grosse avec trop de process avec toutes les lenteurs de prises de décisions avec une start up dont une valeur ajoutée est l’agilité. Le mariage sera-t-il réussi ?

Dans certains cas, oui. Je pense notamment à Boursorama il y a 20 ans et dont d’ailleurs le modèle économique a bien évolué depuis. Dans d’autres, c’est un four, je pense par exemple à Marie Quantier. Et dans tous les cas, le mythe de la gratuité tombera y compris pour ces entreprises.

Et elle tombe pour deux raisons. S’il n’y a plus de levée de fonds ou de cash versé par une institution, il n’y aura pas d’autres moyens de relever les couts d’entrée et de gestion ou de disparaître. Si au contraire, la fintech se développe suffisamment, elle ne pourra se passer d’un conseil humain tout en ayant un gros problème de volume, ce qui suppose à un moment un autre coût qu’il faudra bien faire financer par le client final.

Oui, comme dans notre activité on parle toujours d’un temps long, ça vaut aussi pour ces modèles de rupture qui n’en doutons pas, continuerons à faire l’actualité. Amandine, prochain sujet ?

Prochain sujet que je développerai, l’histoire de l’inflation, ce qui fait peur au marché aujourd’hui.

Oula, beau sujet technique. A bientôt

Prochain Podcast : L’histoire de l’inflation (en cours)

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